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11 juin 2022 6 11 /06 /juin /2022 19:48

Comme une envie d'histoire, alors voici quelques mots resurgis du passé...

On raconte encore, qu'il y a fort longtemps,
En Pays Rennais, dans la forêt de Liffré,
Une cabane, qui vit fleurir maints printemps,
Abritait tant de mystères à déchiffrer,
Que nul parmi les courageux du village
N'osa jamais s'approcher de ses protecteurs,
Chênes au corps blanc sans écorce ni âge,
Effrayant, de leurs bras, curieux ou tourmenteurs.

 

De prime abord, on la crut vide, abandonnée,
Puis, très vite, une rumeur se répandit,
Une femme y vivrait, le cœur emprisonné,
Par un puissant maléfice qui le maudit.
Interdisant à tout amour de l'habiter,
Le sortilège garderait prisonnière
L'hôte de ce cœur perdu pour l'éternité,
Le changeant chaque jour un peu plus en pierre.

 

Pourtant, personne ne vit la dite femme,
Tour à tour traitée de spectre ou sorcière,
Pas même n'aperçut de lueur de flamme
Filtrant au travers des années de poussières,  
Des rares vitres que les chênes côtoyaient,
Que jamais un villageois ne vint affronter,
Par crainte d'un inconnu qui trop effrayait,
Par peur d'y découvrir un mensonge éhonté.

 

Mais un jour, on vit arriver au village,
Un homme aux traits charmants, sans doute un voyageur,
Qui se disait tout simplement de passage,
Mais, là-bas, se méfia-t-on de ce beau parleur.
Plus encore lorsqu'il prétendit haut et fort,
Qu'il irait au fond du bois, le matin suivant,
Y constater, sans nulle escorte ni renfort,
L'absence de tout esprit, même malfaisant.

 

Il prit la route aux aurores, le lendemain,
Bien des curieux le regardèrent s'enfoncer
Dans les ombrages accompagnant le chemin,
Dont certains jurèrent qu'ils les virent froncer.
Lorsqu'enfin, parmi les arbres, il disparut
Un violent orage éclata tout proche,
Et, très vite abattit son courroux dans les rues,
Tonnerre d'éclair tel funeste reproche.

 

Sans nouvelles de lui, durant quatre journées,
Une expédition de quelques intrépides,
Quitta le village espérant y retourner,
En direction des bois, dits sorciers perfides.
Lorsqu'ils disparurent dans la végétation,
Aucun arbre ne s'agita de colère,
Quant à ces innombrables interrogations,
En chemin, une à une elles s'étiolèrent.

 

Arrivant sur les lieux de tous leurs fantasmes,
Ils virent un paysage bien surprenant,
Les chênes, autrefois d'un blanc ectoplasme,
Se consumaient, leur corps noirci, agonisant.
Seule la cabane paraissait obstacle,
Ils décidèrent, courageux, d'y pénétrer,
S'offrit à eux, alors, un curieux spectacle,
Un mystère de plus qui les maintint prostrées.

 

Pas âme qui vive dans la pièce ombragée,
Seul un lit, défait, pour mobilier principal,
Un bureau où un cahier faisait naufragé,
Sa couverture rongée par le temps, fatal.
Mu par une très extrême curiosité,
L'un des intrus ouvrit l'ouvrage poussiéreux,
Il en sortit une belle plume usitée,
Et un texte qu'il lut d'un ton frêle et sérieux.

 

"Depuis si longtemps, j'attendais leur clémence,
Et voici qu'ils m'envoyèrent ce messager,
Au corps bien charpenté, aux mains si puissantes,
D'une habile douceur qu'il me fit partager.
Lorsque ses mains, sur mes lèvres, se posèrent,
Mon coeur accéléra tout comme auparavant,
Quand, fougueuses, elles me déshabillèrent,
Il s'emballa et s'ouvrit à lui plus avant.
Le beau messager laissa, peu à peu, place
Au plus doux des amants, adroit, attentionné,
Mêlant des caresses que rien ne remplace
Au son de mes gémissements passionnés.
Il me découvrit, sur mes courbes s'attarda,
Les flattant de ses talents d'équilibristes,
Par sa langue, son sexe, le bout de ses doigts,
Brûla mes sens, en suivit l'intime piste.
Quand, au petit matin, nous nous réveillâmes,
Je sus que brillait dans son regard cette clé
Qui ouvre mon cœur, et libère mon âme,
Ainsi finit ma nuit de jouissance endiablée."

 

Le récit ne comportait nulle rature,
Mais les mots tremblants en trahissaient l'émotion,
Comme une larme séchée en signature
Dont nul ne mesura la signification.
L'expédition s'en revint de son échappée,
Contant ses découvertes, preuves à l'appui,
Le mystère s'éclaircit, noirceurs dissipées,
Oubliant même la cabane dans la nuit.

 

On racontera toujours qu'il y a fort longtemps,
En Pays Rennais, dans la forêt de Liffré,
On ne retrouva, pour tout soupçon des amants,
Qu'un cahier, une plume et quelques draps froissés.

 

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commentaires

O
Bonjour François<br /> Un bien joli conte<br /> Qui les pantois les incrédules <br /> Mais ravit les rêveuses<br /> Belle journée<br /> Baisers un peu mouillés
Répondre
F
Merci beaucoup chère poétesse !<br /> Bises ensoleillées (mais tout juste !)

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